Vous avez peut-être déjà croisé le terme « onanisme » ou bien encore « autophilie« . Ces 2 mots désignent une seule et même chose : la masturbation !
Onanisme : définition
L’onanisme, c’est quoi au juste ?
L’onanisme c’est donc la masturbation, on parle également parfois d’autophilie ou d’auto-érotisme. Il concerne aussi bien les femmes que les hommes et décrit l’acte de se donner du plaisir sexuel seul. Ce terme est de moins en moins utilisé aujourd’hui, et on peut dire qu’il appartient désormais au registre de langage soutenu. Mais historiquement, ce terme était présent bien avant celui de « masturbation » !
Origine et histoire du mot « onanisme »
Étymologie du terme
« Onanisme » est un terme qui fait directement référence à Onan, fils de Juda et personnage de l’Ancien Testament qui refusa de faire une enfant à la femme de son frère décédé. Il est clairement écrit dans les textes qu’il a préféré « laisser sa semence se perdre dans la terre« . Cela étant illégal selon la loi du Lévirat, l’obligeant à donner un enfant à la veuve de son frère pour assurer la lignée, il fût puni de mort par Dieu. L’église utilisera ce terme pour parler de la masturbation et des éjaculations hors du vagin.
Apparition du terme dans les textes au XVIIe siècle
Le mot « onanisme » a fait son apparition pour la 1ère fois au XVIIIe siècle, dans « Onania; or, The Heinous Sin of Self-Pollution, and all its Frightful Consequences in Both Sexes » ( en français : Onanisme ou l’odieux péché « d’auto-pollution » et de ses terribles conséquences pour les 2 sexes), écrit par le chirurgien anglais John Marten. Le titre du livre ne laisse que peu de place au doute quant à la réputation du plaisir solitaire à cette époque. Le terme est ensuite traduit en français quelques années plus tard, en 1760, par le pasteur Dutoit-Membrini, dans son oeuvre « L’Onanisme ou Discours philosophique et moral sur la luxure artificielle et sur tous les crimes relatifs ». On le retrouve à nouveau 10 ans plus tard, en 1770, dans le livre de Samuel-Auguste Tissot « L’Onanisme, essai sur les maladies produites par la masturbation« .
À cette époque l’onanisme, à savoir la masturbation, était considérée comme une véritable maladie étudiée par de très nombreux médecins. On retrouve plusieurs ouvrages à ce sujet dont ceux cités ci dessus. Des médecins ont également travaillés à la fabrication d’objets permettant d’empêcher cet acte considéré comme un acte de dépravation. Le plus connu est très certainement le corset !
Contes et légendes autour de la masturbation
Vous seriez extrêmement impressionnés en voyant le nombre d’études et d’ouvrages dédiés aux pathologies de la masturbation. On vous a sélectionné quelques exrtaits de « L’onanisme : essai sur les maladies produites par la masturbation » de Tissot.
Le fils de M***, âgé de quatorze à quinze ans, est mort de convulsions et d’une espèce d’épilepsie dont l’origine venait uniquement de la masturbation : il a été traité par les médecins les plus expérimentés de notre ville.
Je connais aussi une jeune personne de douze à treize ans, qui, par cette manoeuvre (la masturbation; ndlr), s’est attiré une consomption, avec le ventre gros et tendu, une perte blanche et une incontinence d’urine.
Et voici les 6 principales pathologies dues à la masturbation selon lui :
1. Toutes les facultés intellectuelles s’affaiblissent, la mémoire se perd, les idées s’obscurcissent, les malades tombent même quelquefois dans une légère démence; ils ont sans cesse une espèce d’inquiétude intérieure, une angoisse continuelle, un reproche de leur conscience, si vif, qu’ils versent souvent des larmes. Ils sont sujets à des vertiges; tous leurs sens, mais surtout la vue et l’ouïe, s’affaiblissent; leur sommeil, s’ils peuvent dormir, et troublé par des rêves fâcheux.
2. Les forces du corps manquent entièrement, l’accroissement est suspendu. Les uns ne dorment point du tout les autres sont dans un assoupissement continuel. Presque tous deviennent hypocondriaques ou hystériques et sont accablés de tous les accidents qui accompagnent ces fâcheuses maladies, tristesse, soupirs, larmes, palpitations, suffocation, défaillances. L’on en a vu cracher des matières pierreuses. La toux, la fièvre lente, la consomption sont les châtiments que d’autres trouvent dans leurs propres crimes.
3. Les douleurs les plus vives sont un autre objet de plaintes des malades : l’un se plaint de la tête l’autre de la poitrine, de l’estomac, des intestins, des douleurs de rhumatisme extérieures, quelquefois d’un engourdissement douloureux dans toutes les parties de leur corps.
4. L on voit non seulement des boutons au visage mais encore de véritables pustules accompagnées de démangeaisons cruelles. Un des malades avait même des excroissances charnues sur le front.
5. Les fonctions des intestins sont quelquefois totalement dérangées et si quelques malades se plaignent d’hémorroïdes et de constipations opiniâtres d’autres souffrent d’une diarrhée qui devient une nouvelle cause de la perte de leur force.
6. Les femmes sont plus particulièrement exposées à des accès de vapeurs affreux, à des jaunisses incurables, à des crampes cruelles de l’estomac et du dos, à des douleurs de tête horribles; et, en général tous les accidents prennent chez elles plus d’activité que chez les hommes. L’embonpoint et le coloris disparaissent les premiers; la maigreur, le plombé du teint, la rudesse de la peau leur succèdent immédiatement; les yeux perdent leur éclat, se ternissent et peignent par leur langueur celle de toute la machine : les lèvres perdent leur couleur vermeille, les dents leur blancheur, et presque toujours la taille se déforme
7. En général, les jeunes gens nés avec une constitution faible ont, à parité de crimes, bien plus de maux à redouter que ceux qui sont nés vigoureux. Aucun n’évite le châtiment. Ceux sur-tout qui ont à craindre quelques maladies héréditaires, qui sont menacés de la goutte, du calcul, de l’étisie, des écrouelles, qui ont eu quelque atteinte de toux, d’asthme, de crachement de sang, de migraines, d’épilepsie, tous ces infortunés, dis-je, portent une forte atteinte à leur constitution, hâtent l’apparition des maux qu’ils craignent, en rendent les accès infiniment plus fâcheux et tombent à la fleur de l’âge dans toutes les infirmités de la vieillesse la plus languissante.
On remarquera que Tissot utilise le terme « crime » pour parler de la masturbation. Heureusement, cette époque est bien lointaine et on sait maintenant qu’il n’y aucun risque à s’astiquer le poireaux, faire pleurer le cyclope, ou encore se lustrer le bijou avec l’eau du bénitier. On lit même parfois que la masturbation est bonne pour la santé !